jeudi 31 mars 2011

Fumoar scheisse...

Depuis des mois, un mot, une expression est sur toutes les lèvres baloises : fumoar scheisse...

0/ Scheisse, je vois bien ce que c'est dans la langue de Goethe. Mais Fumoar?
Bonne question et bel exemple de mot provenant du plus beau patois de Suisse (le Balois, suivi du Valaisan, suivi du Bernois). Fumoar, c'est fumouououar, fumoir!

1/ Fumoir, fumoir, fumoir. C'est à dire ...  une pièce dédiée aux pratiques hédonistes du tabac?
Oui, alors... comment dire... C'est une sorte de faux-ami. On fume en effet dans ces lieux, mais le terme "hédoniste" ne s'applique pas vraiment (hein, puisque l'expression consacrée est "fumoar scheisse"...)

2/ Quel type de lieux?
Des bars

3/ Scandale! La loi Evin ne s'applique donc pas en Suisse, ce bout de campagne française?
Arrête la provocation! La Romandie elle seule est passionnée par l'actualité, la politique et la culture françaises. Donc non, ca n'est pas la loi Evin à Bâle. Plus précisément, quand je suis arrivée à Bâle, on pouvait toujours fumer dans tous les bars. Et puis... pfff

4/ Ah, je vois. C'était mieux avant, c'est ca? On fait déjà sa vieille conne à 28 ans?
Et bien oui, je le dis haut et fort, c'était mieux avant, quand on pouvait fumer dans les bars à Bâle.

5/ Mais depuis quand tu fumes?
Fume pas, un vrai boy scout.

6/ Et malgré tout, tu te plains que les bars deviennent non fumeurs?
Eh oui. Parce que avant, les bars étaient fumeurs mais les Suisses et les expat fumaient avec modération. Du coup on voyait effectivement quelques personnes fumer, mais on ne sentait pas le renard crevé après. Maintenant, les bars sont théoriquement non fumeurs.

7/ Et les fumoars?
Les fumoars sont des exceptions. Je vous copie colle un extrait traduit du Basler Zeitung qui explique le scandaleux concept:

Heureux sont les fumeurs bâlois sous la Prohibition
A Bâle-Ville, malgré l'interdiction de fumer en vigueur, on continue à fumer joyeusement dans de nombreux bistrots, surtout dans le Petit-Bâle. Y compris au Törstübli, rue de la Riehentor, qui sert de quartier-général à la Résistance organisée. La patronne du Torstübli, Lotty Weber, officie comme présidente de l'Association des "fumoars". Ils sont déjà plus d'une centaine les restaurants et les bars à avoir adhéré à l'association ou qui se sont annoncés comme candidats.
"Le principe est simple", explique la très résolue patronne: "N'entre au fumoar que celui qui peut produire sa carte de membre". Par son adhésion, le client-membre renonce expressément à sa protection contre la "fumée passive". 

8/ Ah OK je vois le principe, du coup grosse concentration de fumeurs dans certains bars et on est asphyxié, on sent le renard crevé.  Mais pourquoi tu n'évites pas ces bars?
Ahaha très drôle mais dans une ville de 160 000 habitants, quand on commence à boycotter quelques endroits sympas où sortir, ca devient difficile.


9/ Donc c'est l'asphyxie et tu sens le renard crevé?
Oui, et sans parler de l'impression tenace de se faire entuber en signant cette carte...

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